À propos de Hany Khater : De journaliste à victime de répression
Jeunesse et transition vers le journalisme
Je suis né Hany Khater le 22 mars 1974 à Helwan, au sud du Caire. J'ai grandi dans une maison familiale en tant que plus jeune fils parmi trois frères et sœurs, où la lecture et l'écriture faisaient partie intégrante de ma vie quotidienne. J'ai été influencé par les histoires de mes grands-parents sur les révolutionnaires égyptiens, ce qui a instillé en moi un amour de la connaissance et une passion pour les questions humanitaires et sociales. J'ai terminé mes études et obtenu un doctorat en tourisme et hôtellerie, travaillant dans ce domaine pendant quatre ans, mais mon cœur aspirait à l'écriture.
En 2000, j'ai fait la transition vers le monde du journalisme. Je me suis inscrit à la Faculté de communication de masse et, après des efforts significatifs, j'ai obtenu un diplôme de licence en journalisme en 2003. Pendant cette période, j'ai étudié sous la direction de journalistes égyptiens éminents, tels que le regretté journaliste de renom M. Nagy Hekal et le journaliste et figure médiatique M. Jabir Al-Mahdi, qui ont influencé ma carrière et contribué à façonner mon orientation professionnelle. J'étais particulièrement intéressé par le journalisme d'investigation et j'ai pu me distinguer grâce à des reportages abordant des sujets sensibles et audacieux liés à la corruption et aux abus dans la société égyptienne.
Expérience au Maroc et participation à la Révolution
En 2009, j'ai voyagé au Maroc dans le cadre de mon rêve d'élargir mes horizons médiatiques. Là-bas, j'ai fondé une institution médiatique et le journal « Waraa Al-Ahdath » dans la ville de Tanger. Le journal visait à fournir une couverture complète des événements au Maroc et dans le monde arabe. Grâce à mon travail acharné, je suis devenu une figure bien connue dans les cercles médiatiques.
Trois mois avant la révolution du 25 janvier 2011 en Égypte, j'ai décidé de retourner dans mon pays pour participer à la révolution. J'étais une figure active et éminente dans le mouvement populaire, contribuant à organiser des manifestations et à diffuser des nouvelles sur des événements critiques. Malgré mon courage et mes contributions significatives, je n'ai pas obtenu la célébrité médiatique que d'autres ont reçue, car je préférais travailler dans l'ombre.
Arrestation et Pressions Répressives
Avec l'arrivée de 2016, tout a radicalement changé dans ma vie. Le 18 février 2016, j'ai été arrêté par la police marocaine alors que j'étais à Casablanca, où on m'a accusé de plusieurs allégations complexes, notamment de falsification de documents officiels, d'usurpation d'identité et de résidence illégale. Ces accusations étaient considérées comme fabriquées, visant à étouffer ma voix en tant que journaliste.
Malgré mon innocence, on m'a refusé l'accès à un avocat à toutes les étapes du procès, y compris en appel, et j'ai été condamné à trois mois de prison à la prison d'Ain Sebaa à Casablanca. Là, j'ai été soumis à de sévères mesures répressives, contraint de passer mon temps dans une cellule de moins de 10 mètres carrés avec plus de 50 détenus, dans des conditions inhumaines. La vie en prison était dure, car j'étais privé de nourriture de qualité et de repos, et j'étais soumis à des tortures psychologiques.
Avant la fin de ma peine, j'ai été informé d'un mandat d'arrêt international émis par le gouvernement égyptien, et j'ai été transféré à la prison de Salé 1. Pendant ce temps, les violations à mon encontre ont continué, car j'ai été placé en isolement, ce qui a exacerbé ma souffrance. On m'a fait croire que j'avais une maladie cardiaque, et l'institution pénitentiaire m'a fourni des médicaments pour le cœur sans que je sache qu'il s'agissait d'une tentative de me tuer.
Lors d'un appel téléphonique avec une personne du ministère marocain de la Justice, Abdul Ali Hamid Al-Din, une figure éminente du parti au pouvoir et considéré comme le ministre adjoint de la Justice, m'a informé que j'avais seulement deux options : soit faire face à une expulsion sécuritaire vers l'Égypte, menant à la fin de ma vie et de mon avenir journalistique, ternissant mon nom, soit sortir vers la tombe.
Abus et Négligence Médicale
Le 6 septembre 2017, j'ai été transféré arbitrairement à la prison de Tiflet 2, connue pour accueillir des peines de longue durée et des affaires de terrorisme. J'étais isolé du monde extérieur et privé de tous mes droits fondamentaux. Là-bas, j'ai souffert de malnutrition, et des médicaments périmés m'ont été fournis, que les gardiens prétendaient être pour traiter une maladie cardiaque, une condition que je n'avais pas.
J'ai continué à subir des actes de torture, y compris des traitements humiliants et des tentatives de me frapper. Dans ces conditions difficiles, j'ai subi de graves blessures qui ont entraîné des handicaps permanents. Après ma libération, j'ai subi des interventions chirurgicales sur ma colonne vertébrale, où un disque a été retiré et les vertèbres ont été stabilisées avec des vis en métal. J'ai subi des opérations répétées pour traiter les effets de la torture et de l'abandon médical.
Détérioration de la santé et persécution continue
Mon souffrance ne s'est pas terminée avec ma libération le 20 mars 2020. J'ai rencontré plusieurs problèmes de santé, notamment un rétrécissement des artères, ce qui a nécessité la pose d'un stent dans mon artère coronaire. De plus, j'ai été diagnostiqué avec une sclérose musculaire, que j'ai découvert uniquement grâce à des tests dans des hôpitaux de Sherbrooke, une condition grave affectant les nerfs et les muscles, me rendant susceptible de perdre progressivement la mobilité et la parole.
Le harcèlement a continué même après ma libération de prison, car j'ai été victime du vol de mes documents et de mon argent chez moi. Lorsque j'en ai informé la police, aucune action n'a été entreprise, même après avoir fourni des preuves de l'identité et de l'emplacement du voleur.
Les événements ont évolué jusqu'à ce que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés prenne en charge l'affaire. En collaboration avec l'ambassade du Canada à Rabat et l'Organisation internationale pour les migrations, j'ai été transféré au Canada le 27 juillet 2022. Depuis lors, je n'ai pas pu travailler ni étudier en raison de nombreuses maladies et rendez-vous médicaux dans le but de gérer les effets de la répression et de l'inaction des autorités marocaines ainsi que des tentatives sur ma vie.
Conclusion
Mon histoire n'est pas simplement un récit individuel ; elle représente la tragédie vécue par de nombreux journalistes et activistes dans le monde arabe. Elle illustre les défis auxquels sont confrontés ceux qui s'efforcent de diffuser la vérité et comment les autorités peuvent recourir à la répression et à l'intimidation pour faire taire les voix dissidentes. Mon expérience demeure un symbole d'espoir et de changement, affirmant l'importance de continuer à lutter pour la justice et les droits de l'homme partout.